la pièce

JE CROIS ?

d’Emmanuel BOURDIEU

Création : mai 2003

pointL’AUTEUR :
Emmanuel Bourdieu est né le 06/04/65. Après de brillantes études linguistiques et de philosophie, et plusieurs années d’enseignement, il se consacre à l’écriture pour le théâtre et le cinéma, et à la réalisation cinématographique. Il est l’auteur d’un livre de philosophie,  » Savoir faire « , sur les croyances et les habitudes. Deux pièces ont été publiées aux éditions Les Solitaires Intempestifs  » Tout mon possible  » (2000) et  » Je crois ?  » (2002).

LA PIECE :
Pauline contraint Jean, son petit frère, à un jeu (je !) consistant à inverser les pronoms personnels. Ainsi, tu devient je et je est tu. Cette inversion ludique à priori va glisser inexorablement au fil des années vers l’effacement, la transparence, la vacuité d’une personnalité. Les témoins privilégiés que sont Simon et Muriel, dotés d’une capacité extraordinaire et exceptionnelle d’Amour, se révèlent les anges gardiens de Jean à la recherche de son propre je.
Une vingtaine de pièces d’auteurs contemporains à la lecture ne nous ont pas décidé voire concerné et puis… l’ébranlement devant la perle. L’œuvre d’Emmanuel Bourdieu, dont l’intrigue simple mais néanmoins inattendue constitue la trame d’une véritable réflexion sur notre propre identité. Le propos complexe mais ô combien puissant explose grâce à la poésie de l’écriture.
Les personnages et leur univers tout investi d’une aura trempée de métaphysique et de fantastique traduisent l’amour le plus noble, le plus désintéressé qui soit, à la manière de certains grands classiques.
Cette pièce comme les précédentes créées par les Anneaux est pour nous un espace privilégié de vérité que nous voulons donner à  » entendre « .

Christian Touzé 2 avril 2003

Muriel : Je te donne mon âme à habiter. […] Je m’en retire, pour t’y laisser toute la place.

LA RESONANCE :
De l’identité…

LE TRAITEMENT :
La scénographie procède d’une mise en scène expressionniste et plus suggestive que réaliste ou naturaliste. La gamme du traitement artistique étend ses langages dans un souci de mieux et plus dire. Ainsi, plusieurs modes de lecture, plusieurs textes sont proposés au spectateur dont les mots sont produits par le langage vocal, le corps, les sons, la musique, la lumière, les couleurs, l’odeur. Le décor et les accessoires sont une autre tentative de traduction de cette pièce ou d’un de ses moments forts, cristallisant sous ses formes spécifiques le sens.

Christian Touzé

CREATION GRAPHIQUE :
Créer un visuel en adéquation avec la pièce d’Emmanuel Bourdieu, revenait à se demander comment traduire graphiquement cette mise en jeu de l’identité, ce cheminement obscur où un des héros « accepte » malgré lui, de se perdre dans le regard de l’autre. Le miroir, le reflet déformé, l’effacement, la trace … étaient des pistes possibles. Le travail graphique autour d’un signe expressif, la mise en relation de 2 formes signifiantes, tentent de traduire cette quête, cette perte d’identité : approche d’une présence encore visible et d’une présence dans l’effacement d’elle-même …L’encre est le médium choisi, qui veut transcrire cette « présence/absence », posée entre densité et dilution. La trace alors se trouble dans la transparence sourde du calque.

Marie-Hélène Audouard

NOTES DU METTEUR EN SCENE :
Si son aspect scénographique a le visage de la sobriété, il va sans dire que pour tendre vers ce rendu cristallin le travail fut complexe et long. Qu’il est difficile de faire simple ! mais quel passionnant enjeu. Et le défi réside bien là, compresser les signifiants dans un espace le plus nu possible, dans une vacuité la plus totale pour permettre leurs dilatations les plus amples et transmettre ainsi la signification. Cette pièce, difficile à la lecture pour ne pas dire absconse, est bien la preuve que le théâtre n’est pas fait pour être lu (n’est donc pas un genre littéraire), mais bien pour être saisi par l’éventail de nos sens, mis en espace afin que son noyau libère tout son sens et se déploie dans ses véritables dimensions en remplissant l’espace éthéré. D’aucuns y projettent, comme sur une toile de cinéma blanche, leur propre univers intérieur, leurs référents personnels au moyen de leurs propres facultés imaginatives, tout en suivant le fil conducteur du spectacle offert. Alors voilà une recommandation à tous ceux qui voudraient lire cette ou une pièce : ne fondez pas votre jugement sur sa seule lecture, vous amputeriez l’oeuvre de son formidable potentiel de déploiement auquel elle est vouée.

Christian Touzé

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